Conférence « Objet souvenir du Kazakhstan » par Morgan Segui

Morgan Segui

 

Almaty, Kazakhstan, vendredi 15 novembre 2002

1/ Introduction

 a/ Présentation personnelle

Etudiant en design industriel à l'ENSCI/Les Ateliers (Ecole Nationale Supérieur de Création Industrielle) à Paris, France.

Organisateur de la « Fête de la musique 2002 » à Almaty autour du thème « identité Kazakhstanaise »

Co-organisateur du « Festival Lire en Fête 2002 » à Almaty, responsable design et évènement à l'ambassade de France au Kazakhstan

Organisateur d'ateliers de création à la section design de la faculté d'architecture d'Almaty.

2/ Définition : Souvenir ?

 A/ Un lien avec le passé

L'objet souvenir nous rappelle les moments vécus dans le lieu où nous l'avons acheté, il est pour nous une façon de communiquer avec de jolis moments appartenant à notre passé.

 B/ Cadeaux : Rôle inversé

Le souvenir s'offre et s'attribue un autre rôle. Si j'offre un souvenir aux gens que j'aime, c'est pour qu'ils aient de temps en temps une pensée pour moi, pour leur montrer que je pensais à eux lors de mon voyage. Pour leur dire :

« J'aurais aimé que vous soyez avec moi dans ce lointain pays. »

 C/ Trophée

Le souvenir peut aussi servir de « preuve » d'un voyage. Je suis allé dans ce pays et je le montre. Un peu comme le sportif accroche ses médailles aux murs.

 D/ Voyage par procuration

C'est pour moi la notion la plus importante. Le souvenir permet de faire voyager les gens qui n'en auraient pas le temps ou qui seraient trop âgés. Quand je voyage, je ramène toujours un souvenir à ma grand-mère et cela lui permet de faire le voyage dans sa tête.

Conclusion : Le souvenir est le média d'une histoire. Designer un souvenir c'est aussi faire le choix d'une histoire à raconter.

3/ Le choix d'un souvenir

 A/ Pour soi même.(Lien avec le passé, trophée)

C'est le plus facile à acheter, car il est directement lié aux moments que l'on a vécu dans le pays visité. J'ai organisé la fête de la musique, je passe devant une shinkobiz (Guimbarde), je l'achète.

 B/ Souvenir pour offrir.(Cadeau, voyage par procuration)

Celui-ci est un peu difficile à choisir car il est destiné aux personnes que l'on aime et pour chacune d'elle, on souhaite trouver un souvenir correspondant à son caractère, ses envies. Mon père est frileux, je lui achète un chapeau, ma grand-mère aurait aimé faire le voyage, je lui ramène un livre de photos...

Le cadeau est destiné à faire partager notre voyage, c'est un critère de choix.

Conclusion :le souvenir parle du pays visité, des rencontres, mais il parle aussi de nous, voyageurs.

4/ Les ingrédients d'un souvenir : Les 5 sens

A/ Le plus courant : LA VUE

 Photos, tableaux, cartes postales de paysages, monuments, hommes et femmes (généralement en costume traditionnel).

Nous vivons dans une société de l'image, on dit :j'aimerais bien voir ça. Mais voir n'est pas vivre, il y a quelque chose de froid dans ces images figées que l'on nous propose.

B/ LE GOUT

Nourriture, recette. C'est pour moi quelque chose de très important. Faire goûter un plat ou une spécialité à un ami, c'est lui faire rentrer un petit bout du pays dans le ventre. C'est aussi l'occasion de lui raconter les histoires que l'on a vécues autour de cet aliment.

C/ L'ouïe, LE SON

Généralement on trouve dans les magasins de souvenirs ou même sur les marchés de la musique traditionnelle, mais qu'en est-il de l'identité sonore du pays ? On aimerait pouvoir faire entendre la rue, les voix des baboushkas dans le bus, les enfants qui jouent dans les cours d'immeubles, la nature et les sons d'animaux...

D/ LE TOUCHER

Quand on voyage, nous avons des expériences tactiles, il y a des matières propres à chaque pays, des sensations du bout des doigts, les arbres rugueux d'Almaty, le feutre des yourtes, le sable des plages... Comment ramener tout cela ?

E/ L'ODORAT

Quand je pense à Almaty, la première chose qui me vient à l'esprit c'est l'odeur. Elle est très forte quand on sort de l'avion puis peu à peu on l'oublie, mais elle est pour beaucoup de voyageurs quelque chose de sacré. C'est un mélange de bois brûlé, d'essence, de chachlik (brochette de viande) et de neige. Si je pouvais ramener cela chez moi pour le partager, mes valises en seraient pleines.

Conclusion : Un voyage se vit avec les 5 sens. Pourtant quand on souhaite raconter nos aventures nous n'avons à notre disposition que des objets qui ont oublié notre nez et nos oreilles. Je crois donc que pour se démarquer des autres souvenirs et transmettre un bout de pays, il faut raconter autrement et ne pas oublier que l'homme a un nez et des oreilles.

5/ CONCLUSIONS

A/ En présentant un ou plusieurs aspects d'un pays, le souvenir joue le rôle d'ambassadeur.

Certaines personnes entreprendront même un voyage à cause d'un souvenir traînant sur leur cheminée. Donc le souvenir à un double rôle économique évident. Il nourrit l'artisan ou l'industrie qui l'a fabriqué et invite, telle une publicité, d'autres personnes à voyager. Offrir un souvenir c'est presque offrir un billet d'avion.

B/Acheter un souvenir, c'est emporter un bout de pays. Le moment où on l'offre est un moment de partage. Un souvenir doit donc permettre de voyager mentalement. De faire revivre les bons moments, de faire participer les gens que l'on aime à notre voyage.

 

 

back

russian

News Fresh | Archive 2003Archive May-December 2002 | Archive January-May 2002
SCCA Description of activity | The address
Projects The catalog of the festival "VideoIdentity"D-Generation Project | Texts about contemporary art | The directory "Contemporary art of Kazakhstan" | Workshop 'Two in One' | 'Art of the second half of the XX century' | 'Trans-Forma'  | Grant competition | 'Chamber exhibition' | 'The feast of spirit'  | 'Kazakhstan art life'  | 'Communications. Expiriences of interaction' | 'Erkin'
Contacts By our e-mail | Web-master

©SCCA 2001-2002